Le Centre sahel pour l’expertise (SAHEL-EC) et le conseil a organisé le jeudi 10 novembre 2016 dans la salle Vaugirard du Palais du Luxembourg à Paris un colloque international sous le thème : les défis sécuritaires au Sahel et en Afrique du Nord, réalités complexes et horizons sombres avec le parrainage de Monsieur Philippe KALTENBACH Sénateur des Hauts de Seine et avec la participation de plusieurs chercheurs, diplomates, experts, officiers militaires et journalistes.
Le Président de SAHEL-EC Monsieur Mohamed Abba OULD SIDI OULD JEILANY dans son mot d’ouverture du colloque que cette rencontre représente un espace d’échanges d’idées entre un nombre d’experts d’avis et d’horizons divers dont certains ayants vécus, suivis ou analysés les évènements de la région.
Le colloque s’est composé de deux tables rondes, la première, a pour thème : la Libye un trop plein stratégique et des impacts africains et européens,
La seconde a pour thème : Le Mali trois ans d’intervention internationale Réussite ou échec ?
La Premier table ronde a été présidée par NAGIM Mohamed Secrétaire Permanent du G5 Sahel, qui dans sa communication a présenté les objectifs, stratégies de son organisation pour la mitigation des risques sécuritaires et de pacification de l’espace régional ; exposant les projets de développement régional que compte réaliser le G5 Sahel à court et moyen terme.
Le Secrétaire Permanant du G5 a, par la suite, déclaré que le G5 a entamé ses contacts avec les PTF régionaux et internationaux.
Zahra Mansour, Universitaire Libyenne et membre du panel, a déclaré que la Libye a été victime d’un complot ayant pour but la spoliation des richesses libyennes et africaines par l’Europe ; considérant que l’Europe ne veut pas que les peuples africains vivent en démocratie, paix et bénéficient de leurs richesses.
Zahra Mansour a confirmé que les africains cherchent une démocratie qui leur convienne, respectant leurs coutumes et traditions mais pas la démocratie imposée par l’occident et qui a transformé la Libye en milices.
Le Diplomate Français Laurent BIGOT a, quant à, lui, insisté sur l’échec des organisations internationales et régionales et le contrôle qu’exercent sur elles les pays occidentaux qui soutiennent les guerres, entrainant ces organisations à des guerres qui au-delà des cibles militaires sont sans objectifs politiques.
Par ailleurs, Laurent BIGOT a précisé que l’Union africaine est financée à hauteur de 80% de son budget par l’Union Européenne, et par conséquent ne saurait être indépendante, bien que plusieurs pays africains, comme l’Algérie, l’Egypte, l’Afrique du Sud ou l’Angola peuvent, chacune, subvenir aux besoins financiers de l’organisation.
Laurent Bigot a insisté par ailleurs sur le fait qu’il était difficile de prévoir ce qui s’est passé en Libye, étant donné que personne n’a prévu ce qui se passera, sans parler de la diabolisation de ceux qui se posent la question relative aux objectifs politiques de l’intervention occidentale en Libye. Il ajoute que les forces internationales et régionales se sont montrées incapables de tirer les leçons des échecs passés.
La table ronde a également connu l’intervention du Docteur Paul KANANURA président de l’Institut Mandela qui s’est opposé à ce qu’on qualifie de démocratie de l’occident, qui n’apporte que la destruction, à chaque fois qu’elle arrive dans un pays. Dr KANANURA considère que la situation actuelle en Libye est incomparable à ce qu’elle était du temps de KADDAFI tout en précisant que la dictature de KADDAFI quel qu’en soit par ailleurs ses insuffisances est toujours meilleur que le chaos actuel et qui est caractérisé par l’anarchie et la division du pays en plusieurs morceaux.
Le deuxième atelier, consacré à la situation au Mali, a été présidé par l’ancien ministre de la défense de Mauritanie, Monsieur Ahmedou Ould Idey Ould Mohamed Radhi, qui a commencé son intervention en exposant la stratégie mauritanienne de lutte antiterroriste et son efficacité, en comparant la situation du pays à celle qui prévalait avant 2008.
Monsieur Ould Mohamed Radhi a également fait un exposé sur la situation malienne, avant de conclure par quelques pistes de réflexions qui peuvent aboutir à une solution négociée et satisfaisante pour toutes les parties, une sorte de compromis gagnant-gagnant qui garantit à chacun ses droits.
La deuxième intervention est celle du Colonel (ER) Pascal Chapoulaud qui a listé l’ensemble des opérations françaises dans le Nord Mali, de Serval à Barkhane, en exposant, chiffres à l’appui, les résultats de ses interventions.
Le Colonel Chapoulaud a également présenté une évaluation de ces opérations ainsi que de la situation actuelle de la région, et en s’inspirant de sa propre expérience pour étayer son propos, expérience qui l’a conduit à différents théâtres d’opérations, dont l’intervention internationale au Kosovo.
La troisième intervention de cet atelier est celle du journaliste et chercheur Ahmedou Ould Mohamed El Moustapha, qui a dit que toute solution de la problématique sécuritaire au Sahel et en Afrique du Nord doit d’abord commencer par traiter les racines du problème, en particulier la justice sociale envers les différentes ethnies de la sous-région, en particulier les Peuls, les Touareg, les Arabes et les Songhaï.
Ould Mohamed El Moustapha considère par ailleurs que le Sahel n’est pas seulement une région investit par les mouvements djihadistes, mais aussi le théâtre d’affrontement entre différents acteur, chacun ayant son agenda propre, et chacun participe à l’exaspération de la situation, en y mettant aussi bien les moyens financiers que les leviers ethniques et confessionnels.
Ould Mohamed El Moustapha a conclu en disant que les mouvements djihadistes ont connu un net recul suite aux printemps arabes, avant qu’ils regagnent leur attractivité avec le recul des révolutions. Il a ajouté qu’il a rencontré en 2012 plusieurs jeunes djihadistes à Tombouctou, qui lui ont signifié leur volonté de quitté le djihad et de s’engager dans les révoltes arabes.
Le colloque a également connu des interventions du chercheur Mohamed El Hacen Ould Lebatt, dont l’intervention s’est articulée autour des origines du terrorisme. M. Ould Lebatt a marqué un rapide retour en arrière, vers la fin des années 1970 en Algérie, lorsque le prédicateur Moustapha Bouyali a lancé un vibrant appel, à l’attention du président algérien Chadli Benjdid, afin de le mettre en garde contre l’accaparement des richesses de la manne pétrolière et gazière par une petite poignée d’officiers.
Non seulement Benjdid n’a pas répondu favorablement à l’exhortation du prédicateur, mais il a répondu par la violence, en envoyant Bouyali en prison. Ce dernier sortira au bout de quelques années, avant de lancer un mouvement djihadiste, prélude à un cycle de violence qui n’a toujours pas été maîtrisé.
OULD Lebatt a conclu que si, à l’époque, le pouvoir algérien avait su trouvé un remède efficace à une problématique purement locale, on n’aurait pas eu ni les GIA, ni le GSPC et encore moins AQMI et ses émules.
Le colloque a également connu d’intervention du Docteur Abdoulaye Diagana, chercheur en géographie politique, qui a précisé que la gestion des frontières doit être remodelée dans le sens d’une plus grande flexibilité et en tenant compte des spécificités d’Etats en construction.
Signalons aussi la présence de plusieurs diplomates dont deux du Quai d’Orsay, des représentants ; de l’ambassade des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, du Niger, du Soudan, du Sénégal, du Benin, de la Finlande, de l’Espagne … etc.
Les voies de solution
´ Multiplicités des acteurs et des terrains et cela entraine des stratégies concurrentielles : l’harmonisation des objectifs des acteurs s’impose.
´ La solution intégrant la justice sociale, la démocratie et le développement
´ Dépasser les solutions temporaires
´ La reconnaissance d’impossibilité de solution sans la participation des communautés ethniques
´ la reconnaissance des erreurs du passé et la capitalisation des retours d’expérience des échecs
´ La réparation des préjudices dus aux injustices sociales
´ Le dialogue en premier (les cas mauritanien, tunisien, égyptien et marocain)
´ la distinction entre les groupes locaux et l’arrivant étranger
Liste des participants au Colloque Défis Sécuritaires en Afrique du Nord et au Sahel (Salle Vaugirard) Sénateur P. KALTENBACH et sahel ec
Nom et Prénom | Fonction | Organisme | |
Modérateur Table ronde 2 | Ahmedou Mohamed Radhi | Ancien Ministre de La Défense de Mauritanie | Sahel expertise |
Modérateur Table ronde1 | Najim Elhadj Mohamed | Secrétaire Permanent du G 5 Sahel | G 5 Sahel |
Paneliste TR1 | Kananura Paul | Président de l’Institut Mandela | Institut Mandela |
Paneliste TR2 | DIAGANA ABDOULAYE | CONSULTANT, CHERCHEUR EN GEOGRAPHIE POLITIQUE | KASSATAYA |
Paneliste TR1 | OULD LEBATT Mohamed El Hacen | Consultant, spécialiste de la sécurité au Sahel | SAHEL-EC |
Paneliste TR1 | ZAHRA MANSOUR | CONSEIL POLITIQUE | LIBYE |
Paneliste TR1 | Bigot Laurent | consultant | GASKIYA |
Paneliste TR1 | Mezri HADDAD | Président de CIGPA et ancien Ambassadeur de Tunisie à l’UNESCO | Centre International de Géopolitique et de Prospective Analytique (CIGPA) |
Paneliste TR2 | Ahmedou MOHAMED EL MOUSTAPHA | spécialiste des questions du Sahel et du Sahara au Centre Sahel-Ec | SAHEL EC |
Participant | Abdelraouf AMIR ALI AMIR | MINISTRE CONSEILLER | Ambassade du Soudan |
Participant | AHMED BENAN GAOUAD | Cadre Banque Centrale de Mauritanie Paris | Mauritanie |
Participante | ANNEAR REBECCA | ATTACHEE ECONOMIQUE | FRANCE |
Participant | awad karim | diplomate- | Ambassade d’Egypte à Paris. |
Participant | Baché David | Journaliste | RFI |
Participante | BARKE Saila | Première Secrétaire | Ambassade de Finlande |
Participant | Bismuth Mickael | consultant | complexe militaro industriel francais |
Nom et Prénom | Fonction | Organisme | |
Participant | BOihy Brahim | Président du CCME | CCME |
Participant | CHEYNEL BERNARD | CONSULTANT COMPLEX MILITARO INDUSTRIEL FRANCAIS | cheynel |
Participant | Dawlat, dr. Mohammed | Premier Secrétaire | ambassade d’Arabie Saoudite |
Participant | Diallo El Hadj Saidou | Enseignant-Chercheur | www.kassataya.com |
Participant | EL JEILANY Mohamed Abba | Président Sahel-Ec | SAHELEC |
Participante | María Ángeles GARCÍA DE LARA | Conseillère | Ambassade d’Espagne |
Participant | GAYE OUMAR | PREMIER CONSEILLER | AMBASSADE DU SENEGAL EN FRANCE |
Participant | Gueye Cheikh Tijane | Reporter | ADN |
Participant | GNAMY Giono | Premier Secrétaire | Ambassade du BENIN |
Participant | Ibrahim zakari | Directeur général société | Centre de commerce extérieur et des relations extérieures |
Participant | Idoumou Abdel Jelil | fonctionnaire à l’Ambassade d’Oman à Paris | ambassade du Sultanat d’Oman à Paris |
Participant | Jérôme SPINOZA | Direction Afrique du MAE | Ministère des Affaires étrangères |
Participant | Ould mahmoud Taleb Mohamed Elhadj | Supervisor of arabic department | Fanar Centre |
Participant | Lieutenant-colonel Pascal Chapoulaud (ER) | Directeur département sureté THEMIIS Institute | THEMIIS Institute |
Participant | KANEDA Robert | Diplomate | California, USA |
Participante | WEBER LYDIE | CHEF D’ENTREPRISE | FRANCE |
Participant | YAO DAPRE Georges | Président | TOTAL PROTECT |
Participant | Alotaibi, Rami | chef de service presse – | ambassade d’Arabie Saoudite |