Le septentrion Malien : Répète-t-on les mêmes erreurs 3


I- Faits : 

Au cours des semaines dernières, un fort regain des actions armées et une prolifération de la violence dans plusieurs zones du septentrion malien allant de la ville de Minka frontalière de l’Algérie à Léré sur les frontières avec la Mauritanie ont été enregistrés. Les affrontements les plus violents ont opposé les mouvements armés affiliés à la coordination des mouvements de l’Azawad avec des groupes armés alliés et soutenus par le gouvernement sous le nom des forces d’auto-défense ‘’Gatia’’. Ces affrontements -qui interviennent suite à l’impasse politique- ont entrainé des pertes humaines et matérielles.

Les mouvements armés liés à Al-Qaeda ont également contribué à  cette violence. Leur action ont varié entre des opérations qui ciblent les forces de l’ONU  situées en dehors des territoires de l’Azawad comme le massacre des Occidentaux dans un restaurant à Bamako et la tentative d’assassinat du colonel de l’armée Mohamed Ould Midou, originaire des Arabes de l’Azawad dans la capitale malienne.

Parmi les opérations menées par les mouvements liés à Al-Qaeda, en dehors des frontières conventionnelles de l’Azawad, l’opération de Nampala, près des frontières avec la Mauritanie.

Il est à noter qu’une grande partie de ces opérations était l’œuvre du groupe ‘’Al-Mourabitoune’’ dirigé par Mokhtar Belmokhtar plutôt connu sous le surnom ‘’Belawar’’. D’autres mouvements ont pris part à certaines opérations comme celle de Bamako qui a connu la participation de Ançar Ed-Dine bien que ‘’Al-Mourabitoune’’ étaient les premiers à revendiquer l’attaque à travers une déclaration de son porte-parole.

Les principaux mouvements d’Azawad ont refusé de signer l’accord d’Alger qui a été signé par le gouvernement malien; accord arraché suite à une médiation qui a duré 8 mois au cours desquels 5 rounds de négociations ont eu lieu. Cet accord a été qualifié par la médiation internationale d’opportunité en vue de ‘’promouvoir l’intérêt national et la reconstruction de l’unité nationale du Mali sur des bases originales qui respectent son intégrité territoriale et tiennent compte de la diversité ethnique et culturelle ainsi que les particularités géographiques, sociales et économiques’’.

La coordination des mouvements de l’Azawad, pour sa part, considère que l’accord ‘’ne répond pas aux principales aspirations des Azawadis, ne reconnait pas la région d’Azawad comme entité géographique et politique, le droit de ses habitants dans la gestion de leur affaire sécuritaire et administrative ainsi que la possibilité de former un parlement.’’

Plusieurs parties -accompagnées d’une intense activité diplomatique dans certains pays dont le Mali, l’Algérie, la Mauritanie, le Sénégal et la Côte d’Ivoire- ont mis des pressions sur les mouvements d’Azawad en vue de les emmener à prendre part à la signature de l’accord prévu avant la fin du mois de Mai courant à Bamako sous peine de menaces allant jusqu’aux sanctions .

Pour sa part, le chef de la délégation des nations unies au Mali le tunisien Al-mounji Al-Hamidi intensifie ses contacts avec les mouvements d’Azawad opposés à l’accord d’Alger durant une visite non déclarée à Nouakchott avec l’appui des autorités mauritaniennes.

Parmi ces parties, il convient de citer l’organisation de la coopération Islamique par le biais de son secrétaire général Iyad Ben Amine Madani qui a multiplié ses rencontres avec les différentes parties de la crise du septentrion Malien notamment les mouvements qui sont opposés à l’accord.

A tout cela s’ajoute des acteurs internationaux comme la France et les Etats Unis qui ont mis des pressions sur les mouvements d’Azawad.

II- Diagnostic :

Les faits ci-dessus mentionnés prouvent que le nord Mali va vers une situation de crise:

  • La multiplication des actions armées et de la violence qui revêtent des formes diversifiées où l’ethnique, le tribaliste et le jihadiste interfèrent faisant de l’Azawad un champ de confrontation pour plus d’une partie.
  • Offrir plus d’un alibi aux habitants de l’Azawad en vue de rejoindre les mouvements jihadistes suite au blocage de toute solution politique répondant aux aspirations des Azawadis ce qui met à nu les dirigeants de ces mouvements les privant de toute influence sur les masses.
  • Mettre les dirigeants azawadis devant des choix difficiles voire impossibles même qui consistent soit à: (i) faire face aux populations munis d’un toit de revendications très bas et par conséquent le retour à la période d’avant 2012,
  • date à laquelle une grande partie de la région de l’Azawad fut contrôlée par ces mouvements et l’annonce par le plus grand mouvement, à savoir le mouvement national de la libération de l’Azawad (MNLA), de l’indépendance de la région en Avril 2012, (ii) soit s’engager dans une confrontation politique et diplomatique ouverte avec des acteurs régionaux et internationaux auxquels ces mouvements ne peuvent pas faire face.
  • Les pressions internationales entraineront le rangement des pays de la sous-région du côté des grandes puissances bien que ces pays soient persuadés que la crise ne se résout pas par la signature d’un accord sous la contrainte de la pression internationale et la menace des sanctions.

III- Conclusions:

A travers les faits que nous avons reflétés et le diagnostic présenté, nous pouvons déduire les conclusions suivantes:

  1. La communauté internationale et les acteurs sous-régionaux répètent les mêmes erreurs commises lors des précédentsrèglements du conflit dont le dernier fut l’accord des années 90. Ces accords ne sont en effet que des placebos inefficaces qui n’ont pas réussi à mettre un terme au différend qui n’a cessé de rebondir depuis  l’accession du pays à la souveraineté.
  2. Les efforts entrepris aujourd’hui par la communauté internationale occultent –de bonne ou de mauvaise foi- les multiples changements survenus dans le monde arabe notamment ‘’les soulèvements du printemps arabe’’ et
  3. les grands sacrificesconsentis par les peuples en vue de reprendre en main leur propre destin plus particulièrement en Afrique à travers la sécession du Sud Soudan et les communautés qui œuvrent à l’indépendance de l’Azawad à travers une forte pression populaire sur les leaders par le biais des manifestations dans les villes et les camps des réfugiés ainsi que l’usage des médias et des réseaux sociaux au service des revendications.
  4. La discorde entre les acteurs régionaux intervenant dans le dossier dont la dernière est la crise entre la Mauritanie et l’Algérie. A cela s’ajoute l’atmosphère tendue entre la Mauritanie et ses deux voisins le Mali et le Sénégal  qui pousse chaque pays à posséder le maximum d’atouts dans la sous-région en vue de les exploiter au service de ses intérêts le moment opportun.
  5. Erectile dysfunction should be cured with a better commander levitra videoleadspro.com medicine known as Forzest.

  6. L’échec des Nations unies à former une force internationale issue des armées des pays voisins a eu des effets sur la situation sécuritaire dans l’Azawad et a –par conséquent- entrainé le maintien de plusieurs troupes françaises sur le terrain. Ce qui donne des alibis aux mouvements liés à Al-Qaeda pour recruter des jeunes dans le combat qu’ils mènent contre ce qu’ils appellent ‘’le retour du colon français sous de nouvelles formes et de nouveaux aspects’’.
  7. Dans ce même contexte, la réalité des villes de l’Azawad dans le septentrion du Mali offre de multiples indicateurs qui soutiennent les allégations des mouvements
  8. d’Azawad qui prétendent la négligence de la région par le gouvernement malien au cours des dernières décennies. A titre d’exemple, aucune route bitumée ne relie les villes de la vaste région, les effets du sous-développement et l’échec économique sont visibles dans les parties de l’Azawad.

IV- Propositions:

Nous pensons que les propositions suivantes sont de nature à permettre des solutions qui: (i) évitent à la région des secousses sécuritaires dont elle peut se passer, (ii) restaurent la sécurité au azawadis pour un avenir meilleur, (iii) dissipent beaucoup de justificatifs qui poussent les jeunes d’Azawad et du Maghreb Arabe à rejoindre les mouvements armés, (iv) offrent à ces mouvements des bastions sociaux, (v) et en fin présentent ces mouvements comme étant  une alternative plus convaincante que le gouvernement du Mali et les pays de la sous-région.

  • Tirer profit des erreurs commises lors des précédentes expériences. Car la crise actuelle est la 6ème confrontation armée entre les différentes composantes d’Azawad notamment les Arabes et les Touaregs.
  • Les solutions dictées ne peuvent servir de base à un règlement. Tout aussi, les accords fragiles peuvent calmer les confrontations pour quelques semaines ou mois mais leurs effets sont conjoncturels et risquent d’avoir des impacts inverses par l’amplification des tensions une fois l’effet du calmant terminé.
  • Le temps doit faire partie de la solution et non pas du problème. Car les revendications qui pourraient être une issue stratégique pour les Azawadis au cours des années 90 ne sont plus acceptables de nos jours et le toit des négociations durant le début de la deuxième décennie du 21ème siècle est aujourd’hui largement dépassé en raison de multiples variables sur le terrain et au sein des institutions dirigeantes des mouvements d’Azawad.
  • L’élimination des berceaux locaux des mouvements liés à Al-Qaeda impose l’institution d’alternatives fiables au moment où ces groupes s’autoproclament substitut des autorités maliennes, ce que les différentes communautés cherchaient en vue d’incarner leurs volontés à faire face à ce qu’elles appellent ‘’l’occupant malien’’. Par conséquent, elles ont adhéré massivement aux groupes qui n’ont cessé de pulluler au cours des deux dernières décennies.
  • La lecture réaliste de la crise de l’Azawad exige le courage et la volonté afin de dépasser le cercle vicieux dans lequel se trouvent tous les acteurs impliqués dans le dossier depuis les années 60 du siècle dernier jusqu’à nos jours ; cercle qui était à l’origine de la transformation de toute la région du nord et ouest africain en une base des groupes jihadistes.

Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de mener une réflexion en vue d’aller de l’avant vers une étape qui puisse garantir au Mali son intégrité tout en respectant la volonté des populations de l’Azawad d’accéder à une forme d’indépendance, de liberté, de gestion de leurs propres affaires à travers une autonomie élargie, une fédération ou une confédération et en mettant fin aux solutions basées sur des marchés

qui se terminent souvent lorsque les marchands consomment leurs prix et commencent à chercher une nouvelle offre couverte du sang des innocents, des larmes des orphelins et des pleurs des déplacés craignant pour leur vie à la quête d’un avenir plus sûr.

 

 

 

 

 

 

Nouakchott, avril 2015

 

CENTER SAHEL EXPERTISE & CONSULTANCY

 


Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

3 commentaires sur “Le septentrion Malien : Répète-t-on les mêmes erreurs