Note introductive : Azawad, trois ans après l’intervention internationale Quelles réalités ? Et quelles perspectives ?


L’opération militaire internationale dans la région du nord Mali/Azawadest entrée en février dernier dans sa quatrième année, alors que l’intervention française a dépassé cela par plus de deux mois, étant donné que ses opérations ont commencé dans les premiers jours du Janvier de l’année 2013. En dépit de toute cette période, cette bataille n’est pas encore décisivement gagnée et n’a jusqu’à présent pas pris fin. Si tel est le cas pour les opérations militaires et de sécurité, les pistes : politique et de développement ne semblent pas mieux, pour de nombreuses raisons, dont peut-être la plus importante est leur étroite interconnexion et association avec le processus sécuritaire.

L’opération a commencé au Mali sur l’autorisation du Conseil de sécurité à la mi-janvier 2013 pour établir une présence multi-spécialisée à travers la résolution 2085/2012 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 20 Décembre 2012. Et ce pour apporter un soutien coordonné et harmonieux au processus politique en cours au Mali et à l’opération de sécurité, y compris le soutien du travail de planification de l’appui de la Mission internationale au Mali dirigée par l’Afrique et soutenir son déploiement et ses opérations. Cette résolution a été renforcée par une autre rendue par le Conseil de sécurité le 25/04/2013, lequel a défini l’objectif de cette opération comme étant « le soutien des processus politiques dans le pays et la mise en œuvre d’un certain nombre de tâches liées à la sécurité ».

La Mission a été en outre chargée de soutenir les autorités de transition –à l’époque – au Mali afin de parvenir à la stabilité et la mise en œuvre de la feuille de route de transition ; avec une attention particulière aux principaux centres de population, aux lignes de communication, à la protection des civils, la surveillance des droits de l’homme, et la création des conditions pour la fourniture de l’aide humanitaire et le retour des personnes déplacées, ainsi que l’extension de l’autorité de l’Etat, et la préparation des élections libres et une approche globale et pacifique.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a également autorisé les forces internationales « à utiliser tous les moyens nécessaires pour contrer les menaces auxquelles elles sont confrontées dans la mise en œuvre de son mandat, qui comprend la protection des civils sous la menace imminente de violence physique, et la protection du personnel des Nations Unies contre les autres menaces, dans ses capacités et ses zones de déploiement». La résolution a aussi déclaré qu’il est possible que cela comprendrait des opérations de la Mission, seule ou en coopération avec les forces de défense et de sécurité maliennes, elle a également autorisé les troupes françaises déployées au Mali à intervenir au soutien de la Mission en cas de menace imminente et grave.

Est-ce que la situation a changé?

La Mission des Nations Unies a diagnostiqué la situation justifiant sa présence au Mali par le fait que ce pays faisait face à une «crise profonde qui avait de graves conséquences dans les domaines politiques, sécuritaires, socio-économiques, humanitaires, ainsi que sur le plan des droits de l’homme ».

La crise est due –toujours selon la Mission- à des conditions structurelles en place de puis une longue période, telle que la faiblesse des institutions étatiques, le manque d’efficacité dans la gouvernance, la fragilité de la cohésion sociale, un sentiment profondément enraciné des communautés du nord du pays d’être victimes de la négligence, marginalisées et traitées injustement par le gouvernement central, la faiblesse de la société civile et sa dépendance de l’extérieur, bien qu’elle est assez active, les effets de la dégradation de l’environnement,des changements climatiques et des chocs économiques. Ces conditions ont été aggravées à la suite d’autres facteurs de déstabilisation, y compris la corruption, le népotisme et les abus de pouvoir ainsi que les querelles internes et la détérioration des capacités de l’armée nationale.

Or, un regard sur la réalité au Mali en général, et en particulier au nord, montre que la situation décrite par la Mission des Nations Unies a connu plus de détérioration, et est devenue plus exacerbée, en particulier au niveau de la faiblesse des institutions étatiques, la fragilité de la cohésion sociale, et la croissance du sentiment de marginalisation et de négligence chez les populations du Nord du pays en général.

La région est-elle retournée à la case départ?

Le rapport publié par l’Institut International des recherches sur la paix (PeaceResearch Institute)  à Stockholm décrit la mission de maintien de la paix au Mali  comme étant l’une des missions les plus meurtrières dans toute l’histoire des missions de paix, révèle la séquence des événements, en particulier au cours de la dernière année pour un retour à la violence, à la fois dans le nord du Mali et dans les capitales voisines du Mali, où dans ces derniers mois, le rythme a accéléré, avec un taux d’une opération tous les deux mois, avec des attaques contre des capitales qui sont restées à l’abri de ces opérations au cours des dernières années, comme Abidjan il y a trois jours, et Ouagadougou il y a deux mois, et avant  l’attaque de Bamako en Novembre dernier.

L’année dernière et les deux derniers mois de l’année actuelle ont connu des dizaines d’opérations menées par des groupes extrémistes violents ; la scène ressemblait à la période de leur pré-contrôle de la région au début de 2012. Ces  opérations  ont visé les forces françaises, Maliennes et internationales. Mêmes les mouvements d’Azawad ont été pris pour cible par ces extrémistes violents.

Les activités d’enlèvement ont également repris avec  force, à travers l’actualisation du dossier du kidnapping  de deux otages Suédois, et  Sud Africain, qui étaient aux mains d’Al-Qaïda, ainsi que l’enlèvement d’une Suisse séjournant à Timbuktou, à cela s’ajoute l’enlèvement d’un couple Australien prés des frontières  de Burkina Faso.

Nul  ne peut  ignorer la montée  remarquable de la participation des jeunes africains, notamment les jeunes peulh dans ces opérations, à la fois au niveau des attaques menées par le bataillon Macina affilié à Ansar al-Din, ou au niveau des attaques perpétrées dans les capitales  africaines (Radisson Bamako – Splendide Ouagadougou – Grand Bassam Abidjan). Un pari pour lequel al-Qaïda et ses mouvements avaient, semble-t-il, travaillé pendant une longue période, et ont commencé à le gagner pratiquement en créant un mouvement de recrutement dans les rangs des ethnies africaines ayant vécu historiquement les injustices en Afrique de l’Ouest.

Au niveau politique, et en dépit de la signature d’un accord de paix entre le gouvernement Malien et les mouvements d’Azawad depuis le 20 Juin 2015, la situation politique au Nord du Mali est restée au point mort, et l’accord, qui fut l’objet de critiques de la part de l’opposition Malienne, n’a pas pu être appliqué.
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Cette situation s’est directement reflétée sur les conditions de terrain dans le nord du Mali, avec la question de l’action armée comme alternative devant le colmatage des perspectives politiques, et en dépit de la visite (renforcement) ? de la délégation du Conseil de Sécurité pour la région, et des suggestions de la tenue d’un forum pour la paix à Kidal, cependant, les réalités sur le terrain sont toujours au point mort,  sans qu’il ait à l’horizon une  lueur d’espoir pour une solution politique pouvant constituer un aspect positif dans ce sombre tableau couvert de taches de sang à plusieurs places.

L’accord signé à Alger à la première phase, et à Bamako dans la dernière phase stipule la mise en place des conseils locaux élus au suffrage universel et direct, avec de larges pouvoirs, mais sans indépendance, dans le nord Mali, ou même l’«officialisation» du nom de l’Azawad, qui est la dénomination de la zone adoptée par les mouvements de l’Azawad. Or, aucune  étape n’est franchie dans ce sens.

Peut-être la question de cet accord dont la mise en œuvre a été la plus rapide, était le point relatif à l’annulation des mandats d’arrêt émis contre certain nombre de dirigeants des mouvements d’Azawad, bien que le dossier du  leader du groupe Ansar al-Din a été  l’un des grands obstacles non seulement devant l’exécution de cet accord mais aussi pour la stabilité dans la région d’Ivogass en particulier.

Nul ne peut  ignorer ici, des cas similaires d’intervention à travers le monde, où des affrontements armés ont continué même après la fin  de l’intervention internationale occidentale, par exemple le cas de l’Irak et l’Afghanistan.

Alors,  quelle est actuellement la réalité de la situation dans la région d’Azawad, après trois ans d’intervention française et internationale?  réalité  sécuritaire? politique? et le développement?

Est-ce que les mouvements «extrémistes violents» ont réussi à imposer leur agenda en imposant une guerre d’usure dans laquelle, il n’ya ni vainqueur,  ni fin d’hostilités?

Quelles répercussions de l’élargissement des activités d’Al-Qaeda  en dehors du cadre traditionnel de ses zones du nord du Mali et les zones limitrophes ? et son expansion dans les pays voisins et leurs capitales ?

Jusqu’à quelle limite, l’intervention internationale peut-elle se poursuivre au nord du Mali?

Quel est le  rôle de la Force Sous-régionales que le groupe des cinq pays du Sahel a annoncée ? et quel rôle de la force africaine discutée au niveau de l’Union africaine ?

Quel est l’avenir de la région dans son ensemble à la lumière de la situation actuelle ?

Ces sont des questions majeures placées dans les mains de ce groupe d’élite, de chercheurs, nous espérons que les résultats et réponses soient un facteur qui contribuerait à la stabilité de la région, en lui épargnant plus de sang, et plus de pertes humaines et matérielles.

 

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