Intervention à la journée de réflexion: Magistrat/Ahmed Abdallahi Al-Moustapha


L’Azawad…trois ans d’intervention internationale : Quelles réalités? Et quelles perspectives?

Organisé par: Le centre SAHEL d’expertise et de conseil à Nouakchott

Mesdames et messieurs ;

Je suis heureux d’être parmi ce parterre d’Hommes de culture, d’intellectuels, de  penseurs qui s’intéressent à ce sujet.

Je voudrai à cette occasion remercier infiniment nos frères au Centre SAHEL d’Expertise et Conseil, sous la direction de mon frère Mohamed Abba Ould Sidi Ould El Jeilany pour  l’aimable invitation à participer à ce séminaire sur cet important thème.

Je présente mes excuses  quant au niveau de cette intervention,  car j’ai été informé un peu tardivement. J’ai également reçu le document introductif de cette session en retard. Aussi, je précise que j’interviens à titre personnel en tant qu’observateur pour ne pas dire spécialiste ou expert.

Premièrement:  je commence mon intervention par quelques remarques sur le document introductif du séminaire:

Il s’agit d’un excellent document,  par son contenu, sa solide formulation. Le tout doublé d’un caractère inclusif de toutes les dimensions du sujet.

Cependant, j’ai quelques observations sur le document notamment:

1-    L’appellation ‘’Azawad’’ dans l’intitulé de la journée de réflexion: En effet, l’appellation officielle d’usage dans les organismes de recherche, les médias, et de nombreuses parties est:   ‘’le septentrion Malien’’. Bien que connu historiquement, le concept ‘’Azawad’’ a été utilisé par les groupes armés pour désigner la région après leur prise de contrôle de celle-ci. Il est clair donc que l’usage de ce concept ‘’Azawad’’ pourrait s’accorder avec leurs terminologies et leur littérature.

2-    Le terme «extrémisme violent»: Il a été largement utilisé récemment pour remplacer le terme «terrorisme» qui donne l’impression d’un sens positif dans le monde islamique, et derrière lequel les extrémistes se sont réfugiés se référant à des versets coraniques dont: ‘’Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu’Allah connaît’’ (8:60). Le terme «extrémisme violent» a par ailleurs été utilisé pour transcender le dilemme que constitue la définition du concept de terrorisme, qui n’a cessé de poser beaucoup de problèmes.

Mais puisque le concept «extrémisme violent», et avant lui celui de «terrorisme», émane de la même source, celle de l’Occident (plus particulièrement les Etats Unis), il a été orienté et associé uniquement  à l’Islam, ce qui lui a valu d’être largement critiqué lui aussi. Ce qui rendait certains milieux, y compris des organismes des Nations Unies, commencé à en dépasser. Et de plus en plus l’utilisation de termes alternatifs tels groupes extrémistes ou des groupes violents extrémistes ou des bandes criminelles devient plus fréquent pour décrire des groupes particuliers.

 

3-    Dans le document, il y a aussi d’autres remarques sur la forme, telles que: la différence de la période écoulée depuis l’intervention étrangère dans le septentrion Malien. Cette période est de 3 ans  dans le titre et de 4 dans la première ligne.

Erreur de frappe dans la transcription d’un mot en Arabe.

  • À propos du Titre: s’agit-t-il de l’intervention de certains  pays ou d’une intervention  internationale?
  • Il s’agissait au début de l’intervention de certains pays ou au moins un pays et s’est terminé par une opération internationale. Le document introductif le mentionne d’ailleurs bien. Mais il serait peut-être plus approprié de formuler le titre « ingérence étrangère ou externe » pour qu’il soit  plus global et plus inclusif.

 

Deuxièmement:Mon intervention consiste à soulever des questions, que je trouve pertinentes, en vue de les débattre.

 

  1. L’intervention étrangère est-elle une solution ou un problème?

–         Parmi les justifications avancées par les groupes armés: l’ingérence étrangère dans les pays musulmans. Cette raison a constitué un important facteur de recrutement et de conviction  de nombreux jeunes sortis pour la guerre. C’est pourquoi, certains groupes disent explicitement qu’ils effectuent des opérations ciblées afin d’attirer  les grandes puissances pour un combat direct. L’ouverture de ces nouvelles arènes du ’’jihad’’,  qui ne suscitent pas de divergences au sein des adeptes au sujet de sa légitimité, favorise le développement de ces groupes.

–         Dans tous les modèles d’interventions militaires, l’opération a conduit à un afflux massif de groupes de combattants vers les régions d’intervention (le septentrion Malien en est un exemple).

–         L’intervention étrangère unit les groupes armés face à un seul ennemi malgré leurs différences et contradictions internes.

 

  1. La guerre contre le terrorisme a-t-elle réduit le phénomène ou permis son expansion?
  • Les interventions militaires étrangères viennent toujours dans le contexte de la guerre contre le terrorisme. Selon un rapport, présenté par le secrétaire général des Nations Unies devant la soixante-dixième session de l’assemblée générale de l’organisation tenue en Septembre 2015 sous  le thème: ‘’Plan d’action pour lutter contre l’extrémisme violent’’, ‘’Après l’émergence d’une nouvelle génération de groupes armés, il existe un consensus international croissant sur  les mesures de lutte contre le terrorisme qui ne sont pas suffisantes pour prévenir l’expansion de l’extrémisme violent’’.
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C- L‘intervention étrangère dans le septentrion Malien a-t-elle été efficace?

Dans la région, nul ne doute que les opérations militaires étrangères ont changé la réalité sur le terrain et entrainé le recul et l’affaiblissement des groupes armés, sans pour autant les détruire ou les neutraliser.

Cependant, plusieurs observateurs –partant de la situation sur le terrain- considèrent que ces opérations sont inefficaces puisqu’elles ont été incapables de réaliser  une victoire décisive. Ce qui a permis aux groupes armés de proliférer, d’élargir leur champ d’action  qualitativement  et  quantitativement. A cela s’ajoute, la persistance de la situation, qui a permis l’émergence de ces groupes, sur le terrain.

Les raisons de l’inefficacité de l’intervention étrangère:

–         L’intervention a pour objectif la préservation des intérêts des pays  qui interviennent et la négligence des intérêts des peuples autochtones de la région. Pour illustrer cela, nous rappelons que l’intervention est venue bien en retard lorsque les intérêts de ces pays ont été menacés après le contrôle de ces groupes, par l’usage de la violence pendant plusieurs mois, de plus de 60% du territoire Malien  (soit la superficie de la France et de la Belgique regroupées) et la gestion des affaires d’une population de près de deux millions de personnes .

–         La gestion des symptômes de la crise loin des causes réelles et profondes de celle-ci, ainsi que le manque d’aide efficace au gouvernement central du Mali

–         L’usage de la force qui a engendré des erreurs graves et des souffrances insupportables des populations dans les zones d’interventions, donnant ainsi naissance à des injustices qui poussent les habitants à la violence et à se ranger du coté des groupes armés et des combattants.

–         Manque de stratégies de développement, et absence de règlement des foyers de tension.

D- Est-ce que ces interventions respectent les principes de la stratégie des Nations-Unies de lutte contre le terrorisme adoptée par la résolution de l’assemblée générale n° 288/06?

Ces principes sont :

  1. Trouver des solutions aux causes du terrorisme,
  2. Lutter contre le terrorisme,
  3. Bâtir les capacités des pays à lutter contre le terrorisme,
  4. Garantir le respect des droits de l’homme et des lois.

Or, ces interventions n’ont pas respecté ces principes à l’exception de la lutte contre le terrorisme, sans combattre ses causes. Par ailleurs, les capacités du gouvernement Malien et de ceux des gouvernements de la sous région n’a pas été renforcé comme il se doit. Plusieurs observateurs pensent que les droits humains n’ont pas été respectés car des violations ont été enregistrées dans les zones sous contrôle de l’Armée Malienne soutenue par des forces étrangères.

 

E- Qu’en est-il de la situation actuelle?

– A l’heure actuelle, la situation dans le septentrion Malien est comparable à celle de l’Afghanistan:  des opérations accablantes quasi-quotidiennes, un nombre croissant de recrues  au sein des organisations armées parmi les communautés locales, l’émergence de nouveaux mouvements, des opérations spectaculaires menées à l’intérieur même du Mali dépassant les frontières de la région nord Mali.

–Les crises et les conditions  qui ont aggravé la situation dans la région en 2012 et même avant, existent toujours comme l’a si bien mentionné le  document introductif du séminaire.

 

À la lumière de cette situation, on ne manque pas de voir la lumière au bout du tunnel. Cet espoir est incarné par la conviction des pays de la région: Mauritanie, Mali, Niger et Tchad de l’échec de l’ingérence étrangère à la région et la volonté clairement exprimée par ces pays de se doter d’une  force spéciale  d’intervention. Ce qui constitue une étape très importante dont l’efficacité est garantie, parce que les guerres par procuration sont historiquement vouées à l’échec  (rapport du Secrétaire général des Nations Unies mentionné ci-dessus).

Cependant, l’intervention des pays de la sous-région -malgré  son importance –ne se passe pas sans obstacles. Parmi ces entraves auxquelles ils sont confrontés les interférences démographiques et les problèmes d’ordre ethniques dans la sous-région.

En respectant le temps imparti à l’intervention, et à la demande du président de la session, je clôture mon intervention espérant que les débats et les commentaires éclaireront davantage le thème.

Je vous remercie

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